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Enfin
Gilky
aperçut des poissons ;
leurs formes n’avaient pas changé, ou
très peu, et cela fit plaisir à la petite
comète. De telles transformations, de telles disparitions la
déroutaient
profondément.
« Au
moins se dit-elle, je suis sûre
de retrouver les monstres ; ils ne se laisseraient pas mourir comme ces
faibles petites coquilles. Les plus gros auront sans doute
dévoré les plus
petits, les féroces carnivores auront sans doute fait un
effroyable carnage des
paisibles herbivores, cela est normal. Mais enfin, il en restera
toujours assez
pour que je puisse les étudier plus longuement que la
dernière fois. Et s’il en
reste moins, tant mieux, car il y a trop de choses à voir en
trop peu de
temps ! »
Et
Gilky
chercha une grande île pour
commencer ses investigations.
Immédiatement,
au-dessus de cette île,
elle distingua des oiseaux qui sillonnaient le ciel. Elle chercha les
étranges
Ptérodactyles et les curieux Ramphorynque. Point.
Cela
l’inquiéta. Y aurait-il eu aussi du
changement dans les airs ? Mais oui !
Qu’était-ce donc que ces
choses bigarrées qui voltigeaient partout ? Elle se
rappela aussitôt les insectes
qu’elle avait vus à son dernier voyage,
mais ils étaient noirs, jaunes
ou bruns … Elle abaissa son regard sur la berge et comprit
aussitôt, ou du
moins cru comprendre les
plantes
portaient presque toutes, à leurs
extrémités, des fleurs multicolores. Les
premières plantes à fleurs avaient fait leur
apparition.
« Comme
c’est curieux, s’étonna
Gilky, les fleurs peuvent se détacher et voler toutes
seules. Curieuse
planète, en
vérité. »
En réalité, ce n’étaient pas
des fleurs, mais bien les premiers papillons,
proies faciles des grands oiseaux qui les poursuivaient sans
trêve.
Gilky regarda ces volatiles et fut une fois de plus,
stupéfaite en constatant que
leurs dents avaient disparu.
« Que
de changements, soupira-t-elle
désespérée. Que cette terre est
inconstante ! On dirait un atelier où
l’on
essaie de construire les bêtes les plus étranges
et où on les détruit au fur et
à mesure de leur édification. Pour moi, la Terre
étale tous ses échantillons et
cherche ceux qu’elle voudra conserver ! »