Dès
qu’elle approcha, pour la quatrième
fois, de la Terre, Gilky regarda avec une curiosité de plus
en plus grande ce
globe qu’elle avait trouvé si modeste la
première fois.
Elle passa
près de la Lune, mais elle la
dédaigna une fois de plus ; elle remarqua
seulement, avec indifférence,
qu’elle était couverte de
végétation et ne s’y arrêta
plus. Les monstres
terrestres l’intéressaient bien plus vivement et
elle était décidée à
étudier
plus sérieusement les Atlontosaures, les Mosasaures et tous
ceux qu’elle
n’avait fait qu’entrevoir, ces rois incontestables
et incontestés de la Terre,
et aussi ces Amnonites, reines élégantes des mers.
La Terre
était alors dans la deuxième
moitié de sa période
Tertiaire.
De lourds
nuages roulaient lentement sous
un ciel bas, au-dessus des eaux et des iles et des vastes continents
qui
s’étaient soulevés et sortaient des
flots.
Les climats
étaient beaucoup plus
différenciés qu’au deuxième
voyage de Gilky ; les Pôles se refroidissaient
lentement ; une large zone aux alentours de
l’Équateur gardait cependant
un climat tropical.
- Gilky passa
d’abord au-dessus d’une
immense étendue d’eau qui
s’étalait entre deux continents. Elle chercha
aussitôt les Ammonites qui devaient
s’être multipliées à
l’infini depuis ces
quelques siècles.
Quel ne fut
pas son étonnement de n’en
pouvoir distingues aucune ! Elles avaient toutes disparues.
Gilky se rappela
alors que semblable mésaventure lui était
arrivée avec les Trilobites. Elle se
rapprocha davantage et poussa une exclamation de plaisir :
« Des
Nautiles Ils sont
toujours là. »
Mais
bientôt la mer fut agitée et deux
énormes marsouins fendirent les eaux, rivalisant de vitesse,
se dépassant,
faisant volteface en battant l’eau de leur longue queue. Il
s’agissait de deux Zeuglodons
qui jouaient dans leur liquide élément.