Dépouillés
de leurs toisons diverses, ces
êtres étaient tous semblables, couverts
d’un poil fauve. Gilky s’attendait à
les voir retirer aussi cette seconde peau, mais ils n’en
firent rien et
s’allongèrent tranquillement au soleil, comme
s’ils n’eussent jamais été
écorchés…
La plupart de
ces étranges animaux vivaient
dans des cavernes, qu’ils devaient parfois disputer
âprement à des bêtes
féroces dans des combats qui ne tournaient pas toujours
à leur avantage. Gilky
pensa qu’il y avait des hommes des cavernes, comme il y avait
des ours des
cavernes ou des lions des cavernes.
Certains
cependant faisaient comme les
singes et cherchaient, pour la nuit, un refuge dans les arbres, mais la
petite
comète remarqua que ceux qui se livraient à ce
manège étaient des solitaires,
alors que ceux qui vivaient en groupe occupaient toujours des cavernes.
Une
observation lui montra que ces êtres
savaient fort bien s’adapter aux circonstances.
La
scène se passait au centre d’un immense
continent qui sera appelé plus tard
l’Amérique du Sud. Cette partie du
continent n’était en fait qu’une immense
plaine couverte d’une faible
végétation, sans relief et presque sans arbres.
Dans cette vaste Pampa, Gilky
reconnu plusieurs animaux qu’elle connaissait
déjà, mais elle en observa deux
qu’elle n’avait encore jamais vu.
Le premier
était un Mégathérium,
énorme
animal de deux mètres de haut et de 4 mètres de
long, aux pattes postérieures
puissantes armées d’ongles aigus. Celui que
regardait Gilky était en train de
renverser un arbre qu’il avait auparavant
séparé de ses racines grâce
à ses
ongles tranchants ; debout sur ses pattes
postérieures, appuyé sur sa
queue massive, il avait embrassé l’arbre de ses
pattes antérieures et le
secouait furieusement. Ne pouvant atteindre son déjeuner,
constitué par les
fruits et les feuilles, et ne pouvant grimper après le
tronc, il avait jugé plus
pratique de le déraciner.
Gilky le
laissa à son œuvre dévastatrice
en découvrant une espèce
d’énorme Tortue : un Glyptodon
au corps recouvert
d’une carapace ne laissant passer que la tête, les
pattes et la queue. Il était
gigantesque et mesurait plus de 3 mètres de long.
Mais Gilky,
un instant distraite par ces
deux monstres, se rappela qu’elle étudiait les hommes et
elle se demanda
comment ceux-ci trouveraient un abri pour la nuit, dans cette pampa
sans
grottes
ni cavernes et presque dépourvue d’arbres. Elle
attendit la nuit pour être
renseignée. Et une fois de plus elle admira
l’ingéniosité des hommes.
En effet, peu
avant la nuit, elle vit deux
des êtres qu’elle observait regarder le soleil
couchant, puis chercher autour
d’eux. Ils firent le même geste et se mirent en
marche.
Ils
étaient de statures fort inégales.