Livre

A travers... La Paléontologie

L'Extraordinaire aventure de GILKY





S’ils étaient couverts de poils fauves, si leur nez était encore épaté, si leur position n’était pas rigoureusement verticale, si leurs bras pendaient encore en avant, le poing presque fermé et tout prêt à prendre contact avec le sol, ce qui révélait leur crainte de perdre l’équilibre, Gilky dut s’avouer que ce n’était cependant pas des singes comme les autres. C’était un groupe voisin; c’étaient déjà des hommes.

Ces hommes parurent fort curieux à Gilky qui les observa assez longuement. Tout ce qu’ils faisaient était étrange et n’avait jamais été fait par aucun des nombreux autres animaux que la petite comète avait pu contempler sur notre globe.

D’abord, la variété de leur pelage la stupéfia. Les uns étaient couverts de poils roux assez courts, d’autres avaient une longue toison semblable à celle du mammouth, d’autres encore possédaient des fourrures semblables à celles des renards, des ours, des aurochs et de bien d’autres animaux… 

Mais il lui fut donné d’assister à un spectacle qui lui parut ahurissant : le soleil chauffait violemment la pente d’une falaise et, vers le milieu de cette falaise, d’une ouverture assez étroite et noire, sortirent plusieurs de ces êtres que Gilky prenait pour des singes. Ils parurent heureux de voir le soleil et, pour mieux profiter de sa chaleur, ils enlevèrent leur peau ! La magnifique chevelure d’or de la petite comète se dressa toute droite sur sa tête à ce spectacle. Jamais encore, de mémoire de comète, on n'avait vu semblable chose !

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Dépouillés de leurs toisons diverses, ces êtres étaient tous semblables, couverts d’un poil fauve. Gilky s’attendait à les voir retirer aussi cette seconde peau, mais ils n’en firent rien et s’allongèrent tranquillement au soleil, comme s’ils n’eussent jamais été écorchés…

La plupart de ces étranges animaux vivaient dans des cavernes, qu’ils devaient parfois disputer âprement à des bêtes féroces dans des combats qui ne tournaient pas toujours à leur avantage. Gilky pensa qu’il y avait des hommes des cavernes, comme il y avait des ours des cavernes ou des lions des cavernes.

Certains cependant faisaient comme les singes et cherchaient, pour la nuit, un refuge dans les arbres, mais la petite comète remarqua que ceux qui se livraient à ce manège étaient des solitaires, alors que ceux qui vivaient en groupe occupaient toujours des cavernes.

Une observation lui montra que ces êtres savaient fort bien s’adapter aux circonstances.

La scène se passait au centre d’un immense continent qui sera appelé plus tard l’Amérique du Sud. Cette partie du continent n’était en fait qu’une immense plaine couverte d’une faible végétation, sans relief et presque sans arbres. Dans cette vaste Pampa, Gilky reconnu plusieurs animaux qu’elle connaissait déjà, mais elle en observa deux qu’elle n’avait encore jamais vu.

Le premier était un Mégathérium, énorme animal de deux mètres de haut et de 4 mètres de long, aux pattes postérieures puissantes armées d’ongles aigus. Celui que regardait Gilky était en train de renverser un arbre qu’il avait auparavant séparé de ses racines grâce à ses ongles tranchants ; debout sur ses pattes postérieures, appuyé sur sa queue massive, il avait embrassé l’arbre de ses pattes antérieures et le secouait furieusement. Ne pouvant atteindre son déjeuner, constitué par les fruits et les feuilles, et ne pouvant grimper après le tronc, il avait jugé plus pratique de le déraciner.

Gilky le laissa à son œuvre dévastatrice en découvrant une espèce d’énorme Tortue : un Glyptodon au corps recouvert d’une carapace ne laissant passer que la tête, les pattes et la queue. Il était gigantesque et mesurait plus de 3 mètres de long.

Mais Gilky, un instant distraite par ces deux monstres, se rappela qu’elle étudiait les hommes et elle se demanda comment ceux-ci trouveraient un abri pour la nuit, dans cette pampa sans grottes ni cavernes et presque dépourvue d’arbres. Elle attendit la nuit pour être renseignée. Et une fois de plus elle admira l’ingéniosité des hommes.

En effet, peu avant la nuit, elle vit deux des êtres qu’elle observait regarder le soleil couchant, puis chercher autour d’eux. Ils firent le même geste et se mirent en marche.

Ils étaient de statures fort inégales.