- La neige
s’amassa en couches épaisses dans
les régions les plus froides et se transforma
bientôt en énormes glaciers qui
recouvrirent une bonne partie des continents. Il en résulta
un abaissement
sensible de la température qui modifia les zones de
répartition de la faune et
de la flore.
On
imagine facilement l’étonnement de Gilky en
découvrant cette calotte
blanche sur notre globe. Si elle était venue plus
tôt, sa surprise aurait été
encore bien plus grande, car quelque temps auparavant, les glaciers
étaient beaucoup
plus étendus. Ils étaient en voie de
régression au moment de son retour et un
climat tempéré s’établissait
entre les pôles et l’équateur.
Gilky
était encore assez loin de la terre
lorsqu’elle remarqua de curieuses zébrures qui
serpentaient sur les continents
non recouverts de glaces. C’étaient des cours
d’eau, résultat des fortes pluies
du début de l’époque quaternaire.
Mais la
petite comète se rapprocha et,
fidèle à sa méthode, examina
d’abord la mer, s’attendant à
découvrir à nouveau
des changements considérables.
Or, il y
avait peu de changements. Si
les Cérithes étaient moins nombreuses, si elle ne
put
apercevoir des Zeuglogons,
elle vit des coquilles de toutes formes, des Polypiers dans les
régions chaudes
et des poissons partout, qui ne lui parurent pas avoir
changé.
« Je
n’ai pas de chance,
pensait-elle. Autrefois, je croyais toujours retrouver au voyage
suivant les
êtres que j’avais vue et ils avaient
disparu : les Trilobites,
partis ; les Labyrinthodontes, disparus ; les
Ammonites, envolées ;
les reptiles monstres, évanouis. Maintenant j’ai
admis que tout est passager
sur la terre, que je ne reverrai plus ce que j’ai vu une
fois… Et voilà
qu’aujourd’hui rien n’a
changé ! Une chose surtout n’a pas
changé :
la terre est toujours aussi capricieuse et semble se moquer de moi
… »
Sur cette
remarque désabusée, Gilky se
tourna vers les continents. Puisque cette fois il n’y avait
pas eu de
changement, elle allait revoir les Mastodontes, les
Dinothériums et les Éléphants.
Presque
aussitôt elle poussa une exclamation
de joie :
« Pour
une fois je ne me suis pas
trompée : voilà un
Dinothérium … Non: ses
défenses sont enroulées
vers le haut et non vers le bas … Ce n’est pas non
plus un Mastodonte puisqu’il
ne porte que deux défenses et non quatre. Et ce
n’est pas non plus un élephan
méridionalis comme ceux qui vivaient en troupe la
dernière fois que je suis
passé par ici : il est plus petit, recouvert de
longs poils et
ses
défenses sont recourbées sur ses yeux
… Me serai-je réjouie trop
tôt ? »
Hélas
oui. Gilky dut bientôt en convenir.