- Elle
s’était bien rattrapée, la terre,
depuis ce temps déjà lointain ! Et elle
avait bien étonné Gilky par la
variété, la monstruosité,
l’étrangeté de ses habitants et surtout
par
l’instabilité de ceux-ci qui disparaissaient
aussitôt arrivé à un stade qui
paraissait définitif. Ce qui déconcertait le plus
Gilky c’était que ces
disparitions soudaines eussent affecté aussi bien les
animaux qui semblaient le
mieux doués pour la lutte pour la vie – et elle
pensait aux grands reptiles qui
lui avaient paru éternels – que les gracieuses
mais faibles coquilles.
Aussi,
profita-t-elle de la proximité de Mars
pour faire ce rapprochement, songeant qu’il ne faut pas
toujours se fier à ses
premières impressions. Les siennes l’avaient
conduite à décréter
l’immense
supériorité de Mars sur la terre et à
observer celle-ci avec, au début, une
pitié mal déguisée. Et maintenant,
elle
constatait que les habitants qu’elle
avait crus si intelligents avaient presque disparu, eux aussi. Ainsi,
leur
intelligence, ou du moins, ce que Gilky avait cru tel, ne les avait pas
préservé
de la disparition et de l’extinction. Mais alors que sur la terre une
forme ne
disparaissait que pour être remplacée par
plusieurs autres, rien n’ait comblé le
vide sur Mars.
Et Gilky
refit la même comparaison entre
Mars et la terre, mais en sens inverse, cette fois. Puisque
décidément tout
changeait dans le monde, pourquoi ne changerait-elle pas, elle aussi,
d’opinion ?
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CHAPITRE V
- Pour la
cinquième fois Gilky vit la Terre.
Notre
planète avait un aspect nouveau
caractéristique de l’époque Quaternaire.
Elle
s’était beaucoup refroidie depuis
l’époque où elle
n’était qu’une boule de feu recouverte
d’eau fumante. Les
climats étaient maintenant bien
différenciés ; les pôles
étaient devenus
des régions froides et possédaient une
végétation beaucoup moins abondante que
les régions tropicales, toujours recouvertes par une
végétation luxuriante.
Au
début de cette époque quaternaire, la terre avait
vu son sol recouvert par des pluies extrêmement
abondantes et
continuelles qui formèrent presque un second
déluge.
Les
continents étaient le siège de violents
mouvements du sol qui se soulevait par endroits et formaient
d’immenses
plissements qui seront, plus tard, baptisés
Pyrénées et Alpes. Ces soulèvements
avaient provoqué de violentes perturbations
atmosphériques qui se traduisirent
par d’abondantes chutes de neige.